dimanche 17 mai 2009

dimanche 10 mai 2009

LA BUANDERIE DES SUAIRES

Je suis la lessiveuse parfois lessivée de Maison-Ancolia...


Toute la journée je lave et relave dans l'eau brûlante et savonneuse les heurts et malheurs de ses hôtes...

Certes, parfois je découvre des linges fort clairs et sans trop de taches, et ma tâche est alors de les rendre chirurgicalement liliaux (oui, qui ont la blancheur immaculée du lys)... Ou du moins tendre vers cette utopie de paradis blanc (mon but avoué).

Ah vous savez j'aime bien ma vie... Et le concept de ma démarche est bien respectable et louable... Je fais mon travail et ce, avec un plaisir certain !
Il est vrai que je suis tout de même bien éprouvée lorsque dans ma cuve bouillante, les suaires de certains locataires d'ici sont si profondément incrustés, imprégnés, que je frotte, je frotte avec ma brosse de crin (à m'en arracher le cuir des mains) les salissures et moisissures -d’une typologie que je n’essaie pas d’identifier-, et l’écriture bouleversée des visages crispés et tordus PERSISTE à mon grand désarroi…!
 
Je veux nettoyer, effacer, rendre leur enfance à mes protégés, -comme j’aime à les appeler, tant je les connais à travers leurs empreintes intimes-, pour eux, une seconde vie démarrant sur des bases saines et claires…
Et j’essore, entortillant, nouant de toutes mes forces les linceuls devenus langes… ! Avant de les disposer précautionneusement sur mon séchoir-à-têtes de cerveaux lavés…
Je suis la lessiveuse veilleuse de Maison-Ancolia, je suis le maillon fort de cette communauté, et j’en suis si fière !
Mes amis, il me reste grandement de travail alors je retourne à ma buanderie des suaires, blanchisserie des soucis, javellisant et purifiant ad vitam aeternam!!!

ALLONGEE SUR MON LIT

Allongée sur mon lit
Je pense
Je ferme les yeux
Puis m'endors ?

Je marche jusqu'à la fenêtre
-De ma chambre noire-
Fermée ;
Je l'ouvre
Je pose ma chaise à côté
Et grimpe...

Je respire l'air de la Nuit
C'est vif
C'est noir
C'est la liberté...

Mes pieds quittent le sol
Tandis que je me laisse
Tomber
Aspirer ?
Libérer...

Je sens le vide
Je ne chute pas
Je suis
Une plume qui s'envole
Tellement
Légère...

Ici tout est fort sombre
Le monde dort
En dessous
Je traverse
Champs et routes
D'en haut...

Je suis bien comme ça
Mais tout a son prix
C'est fini...
Ça commence...

Mes yeux pleurent
Celle qui n'est plus
Mais tristesse est douce
C'est la liberté
De l'âme...

SALLE POUR ESPERER...

Ces chaises qui se meuvent et craquent,
Ce brouhaha dans la rue,
J’entends des voix dans la pièce d’à côté…
Ces vieux magazines tous usés d’yeux,
Les rideaux blanchis sur la face de lune,
Je suis
Dans la salle d’attente…
C’est long
Et « grisailleux »…

Par les vantaux de la fenêtre,
Je fixe les toits de la maison en face,
Sa cheminée cendre crache de la suie noire …
La ville d’en bas s’agite dans l’hiver qui pique,
Là où personne ne s’imagine…
Dans leur bruit,
Moi…

Quatre chaises vides,
Quatre chaises penchées,
D’une bâtisse pas bien droite,
Qui connaît tous les secrets,
Chuchotis des pensées
Transpirant du papier-peint,
Quelquefois…
Confusions des pensées,
Parfois…

Mais,
J’attends…
Solitude d’instants étirés…
Jusqu’à quand…?

Les gonds grincent
Les voix atones me ramènent
A ma réalité
Certes d’un autre réalisme
Que celui de cette pièce
En expectative…
En point d’orgue
Sans horloge…

QUELLE TEMPÊTE...!

Quelle tempête
Se déchaîne
S’engouffre
Dans les arbres pliés,
Hurlant de vent

Terrée au fond
De ma chambre
Je grelotte
En pensée

Bourrasque d’émois
Claquement des
Branches de jais
Nuit gonfle et souffle
C’est la tempête
Dans ma tête

Dehors, dedans
Serrant les dents
Sans chavirer
Mal au cœur
D’amour-propre
Un orgueil délogé
Dans son idée

Mais voici
La houle s’apaise
Je rouvre les yeux
Les volets et les lumières
Un instant trop duré
Enduré ainsi ?
C’est assez...

JE CROIS QUE...

...Ophélia s’est noyée ce soir…

J’avais pourtant
Mes yeux bien ouverts
Mes oreilles attentives
Au moindre des moindres
Bruissement étrange…

J’étais penchée
Sur la rive
Les pieds mouillant
Dans l’eau limpide et
Fraîche du torrent
Perpétuelle telle que...

J’ai du m’endormir…

J’ai vu mon reflet
Tout seul s’en aller
Ondoyant sous le miroir
Des gouttes qui l’attirent
Toujours plus loin de moi…

J’ai bien tenté de me lever
Mais la tête me tournait
Mes idées embrouillées
Brouillaient mes yeux embués
J’ai couru sur la berge...

Mais Ophélie est partie
Dans l'onde ravisseuse…

Je crois bien qu'elle
S'est noyée
Ce soir...

J’ai bien tenté de
La faire revenir
J’ai même rêvé qu’elle
M’embrassait
Mais c’était juste
Un peu de rosée
De brume de ruisseau…

Puis le soleil m’a réveillé
Mon amie d’âme m’a souri
Mon Ophélie n’est-elle jamais partie ?

Ma tête est lourde
Mes yeux sourds...
Et je m’endors dans son odeur
De lys en fleur…

J'ai eu si peur...

LA BOÎTE...

Personne aujourd’hui
Ne pense à sa boîte…

Je peux donc
Me permettre
D’entrouvrir
La mienne...

Ma boîte noire
Ma mémoire...

Je l’extirpe d’en bas
De ma bibliothèque
Je m’assieds sur le canapé
Placidement…

La boîte aux idées?
La boîte aux secrets?
La boîte aux rêves?
La boîte aux tourments?

Ouvrir, c'est s'engager
Dans le tourbillon
De ce que l'on ne peut plus
Maîtriser...

Des choses enfouies
Oubliées,
Ou plutôt rayées,
Effacées...

Tout
Revient
Avec la force
De la résurgence
De l’indigeste…

Prendre le risque
D’ouvrir

La boîte de Pandore ?

(Dans dix ans peut-être...)

P-A-L-I-M-P-S-E-S-T-E

 P


Palabre Pénélope Perte Persistance Personne Pluie Pollen Palanquin Partition Perpétuelle...


A

Aveuglément Annihilée Albertine Apprend Autodidacte Appel Arrachée Anonyme Affectée Arbrisseau...


L

Labyrinthe Larmoyante Longtemps Litanies Livides Laissant Labourer Loquet Lamellicorne Lapsus...

I

Icône Ignorance Imaginant Immatériel Inclination Irréversible Isolée Ivre Instable Innée...


M

Misère Manipule Méandres Mauves Minute Miroir Momifiée Monde Musc Mystère...


P

Prière Prêteur Poème Palais Philanthrope Pandore Papillon Paraître Poussière Parabole...


S

Sablonneux Sacrifice Sang Somnambule Sas Synopsis Servile Somptueux Spirale Source...


E

 
Empreinte Ensemble Ecorcher Ecorce Enveloppe Esthète Etang Etant Emu Exultante...


S

Semaille Salie Santal Sans-fil Sauterelle Schiste Secte Serpentée Sitôt Sucrée...


T

Tasse Tarentelle Tectonique Terminale Tilleul Toréer Tourmenter Transgresseur Traquée Trébuchante...


E

Eclipse Echo Effacer Empoisonnée Ego Echappée Et caetera Ether Envol Embellie...

ANNA

Comment parler de toi
Quand que les mots s’écrasent sur la vitre
Du train sans destination
Que nous avons pris
Et sans vraiment
En avoir conscience…
Par défaut…
Pour mon salut...
Et c’était
Mon dernier voyage
Je me l’étais
Juré …

C’est un voyage pendant lequel
L’on peut s’assoupir
Sans vigilance
Tu es assise à côté de moi
On a un peu discuté
Dévalé ensemble les mondes
Que l’on traîne
Enfin c’est surtout moi…
Et mes mondes…

Caressée par
Des chuchotements de caresses
Le bruit doux et lancinant
Sécurisant d’ici
Où je t’ai suivie
Je crois même que c’est toi
Qui m’a appelée
Quand je m’éloignais toute seule
Dans la ruelle de Crève-
Cœur….

Tendresse de mon ange
Ma maman, mon amie,
Mon autre moi-même…
Oui alors c’est vrai,
Je m’endors en paix
Maintenant…

C’est pour toi que j’écris tu sais,
Je virevolte autour des mots
Dans un nuage d’embruns
Qui se forme tout autour de moi
Adoucissant les contours des lames...
C’est toi mon tourbillon
Qui m’aspire
Au-dessus des toits…

Anna mon amie
D’envols,
De rêves,
Des yeux fermés,
Des joies sans failles,
Des trains sans arrivée,
Sinon celle
Que je voudrais
Quand je le voudrais
Bien...

LA CHAMBRE

...Cage flottant sur la furie des eaux

Le ciel par là semble moins obscur

La vitre salie par des promesses atones

Sans mots, cherche-bruit à tâtons...

LE BANC...

J’aime que l’on s’asseye Ici et Prenne un peu de temps Pour réfléchir Il est cinq heures cet après-midi Les enfants sortent de l’école Ils aiment bien passer par mon parc L’après-midi s’étire en fin de journée chaude C’est juste paisible…

LA MAISON DE POUPEE

La Maison de Poupée

Ou la maison des fantômes...

Elle est en papier

Et ses hôtes monotones...

Les aiguilles de l’horloge

Tournent à l’envers...

Les miroirs sont couverts

Des draps usés jaunes...

UN PETIT FLACON DE VERRE... BLEU

 

Éther grisant

Flacon, fiole, vasque, coffret de verre,
Bleu
Comme ton regard
Qui baisse les yeux
Indigo,
Indigné de trop en dire
Mais digne d'être...


Vapeurs, essences chromatiques
Enivrent mes narines
Wagon du temps suspendu
S'arrête dans la gare
Hagard
Sans fard
Trop tard je repars...

Les larmes de verre
Cristallisées
Dans cette eau amère
Iode aux ressac éphémère
S'enferre
Dans ses dents de mer
Enfer...

Ou madeleine
Mange de la mémoire
Le nez prompt à se perdre
Délicieusement dans le
Cellier aux mille
Souvenirs, armoire
Reste entrouverte
En fête...

Voleur d'odeurs
Senteurs par coeur
Parfum sans heures...

Un petit flacon de verre,
Bleu...

FEMME-PHASME

Femme ou Phasme
Brindille et diaphane
Cataleptique
Anorexique
Reine de cirque
Au scaphandre extra-lucide
Se dissimule
Résolument
Dissidente
D'un monde dissolu...

Votre corps s'extirpe
D'un corset
Aux baleines
D'ivoire,
Déboires
D'une mue
Solitaire
D'un(e) pauvre être
Se débarrassant
En tortillant
De ses guêtres
Devenues
Étriquées et
Désuètes...

Mais voyez,
C’est pour vous
La chance
D'une résilience
Aux désirs denses ...
Échapper à
Une promiscuité
Mal engagée
Avec vous-même...
Ainsi
N’ayez pas peur
De vos ardeurs en
Hauts-les-coeurs
D'âmes
Dardant
Les bonnes heures
D'un bonheur
Sans heurts
Sinon
Esquives lascives
D'une
Femme-Phasme
En substance
Exquise...

MA CLEF...?

Ma clef n'ouvre qu'une porte,
N'enferme qu'une créature
Dans sa cellule calfeutrée,
N'affranchit que son captif
De sa geôle de verre,
Ne cache aux regards
Que leurs propres désirs
Ne désire nulle autre chose
Que susciter quelque énigme
A verrous...

Ma clef-fée veille à ma paisibilité
Elle métamorphose son crochet-clef
A chaque cycle lunaire entamé,
Il n'existe pas un passepartout
Qui puisse avoir raison de
Ma Boîte-de-Pandore...

Ainsi la clef de voûte

"célestement"
Mienne
Claquemure
En insondables
Desseins de serrures
Et autres armures
Le miroir sans tain
De mon âme
Errant cireuse
Dans sa
Pupille d'or
D'ores et déjà
Vitreuse...

LE PLONGEOIR

C'est un endroit très étroit
Où l'on se pose
Les vraies questions
Face-à-face avec ses doutes

Quant aux effrois...
Délation, abnégation,
Corruption...

J'oscille, je vacille
Je cille, j'hésite
La tentation d'arrêter
Ce frisson de vertige
Me fige...

Mon corps a un peu froid
Et chaud, bouillonne
Se cabre, s'élance
Sans bouger d'un pouce
Sans rescousse…

Je sens un semblable
Dans mon dos s’agiter…
Foule, il y a une foule
Derrière moi qui fulmine
Houle d’exaspérés
Qui me mine…

Alors j’avance
Petit pas par petit pas
Et je sens alors tout mon cœur
Se soulever de terreur
Quand ce vide inapprivoisé
Une supplique jusque lors
Se tord et vocifère
En une immense déferlante
M’aspirant par méprise
Victime indigente
D'une extravagante
Baïne
A la fringale opaque
Qui claque dans sa frappe
Emporte...
Moi !

Et tous les argonautes
Sur un radeau d'hommes
Chavirés en mer...

Mer
Gargantuesque
Vagues-cimeterres
Cimetière
Gigantesque
En mal de marée
D'humains
Vaincus.
En vain...?
En Fin...

CE TEMPS...

Ce temps qui passe
En heures lasses
Une pince de bois
Cramponne crânement
L’étendoir indolent
Des peaux ridées…

Os longs et
Bas usés, jambes lasses
Divagations hermé(neu)tiques

Interprétées par…

Moi !
Toujours la même...
Demain : trente ans
Et toujours les mêmes
Anathèmes
Érythèmes
Où le bât blesse…

Ma vie est en point de suspension
Je nais, je meurs…
Renais encore et puis re-meurs
Mais finis toujours par renaître…

Je voudrais être
En point d’orgue…
Une vie en
Sucre d’orge
Qui
Finirait par
Fondre dissoluble par
Mon désir
Lors de
Mon
Dernier et lucide
Claquement
De langue

Vermeille…